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Delenda Est

Au loin,
Alors que le brouillard se lĂšve,
Que les bergers se réveillent,
Et que les commerçants ouvrent leur échoppe,
Les relents de la bataille s'affaiblissent.
Cette bataille eut lieu, oui.
Des morts ? Par centaines...
Des espoirs ? Tous perdus...
Elle fut détruite la cité, achevée, écartelée,
Et aujourd'hui, l'histoire s'est répété.
Alors que le vent souffle sur les débris,
Un enfant regarde, les yeux brillants, ce qui fut sa maison.
Mais dans son coeur, une idée est née.
Un espoir ? Non, mais une certitude, une vérité, un futur véritable. Ce qui est la cause de ceci doit payer.
Telle est la vérité.
Tel est ce qui se passera.
Tel sera son combat.
Tel sera le cauchemard de la cause, et la victoire de celui qui a subit.
La citĂ© devait ĂȘtre dĂ©truite, et l'ennemie devra l'ĂȘtre.
Plus d'armée.
Plus de cité.
Donc toute puissance s'est envolée.
Et l'herbe a recouverte les ruines de ce qui fut.
Mais le sera-t-il encore ?
Non.
Et l'adolescent se doit de lever une horde de soldat,
Pour réparer la brÚche de son enfance, perdue à jamais.
Que faire ?
Rien d'autre que patienter,
Et laisser sa fureur s'Ă©couler
Tout en espérant que sa vie soit épargnée
Car la Destruction fait toujours de nouvelles victimes,
Parfois prĂȘtes Ă  reprendre le flambeau qui leur est laissĂ©.
Alors un jour des forces se rassembleront,
En un seul lieu, une seule Terre, et un seul temps.
Tous différents, ils combattrons à cÎté,
Pour des causes différentes, mais une conséquence unique.
Des enfants devaient ĂȘtre tuĂ©s, et des adolescents devront se lever.
Enfin, l'homme en est un : il est temps.
L'armée du désespoir existe, mais n'agira qu'une fois,
En vue d'une victoire, ou d'une défaite, peu importe,
Mais avec une rage au coeur sans fin.
Un deuil Ă  terminer.
Une vengeance Ă  enclencher.
Les années passées n'ont pas suffis à éteindre cette soif,
Pourtant si dangeureuse...
Mais l'homme n'en Ă  cure,
Et son armée d'autant moins qu'elle n'a été rassemblée dans un seul but.
L'homme regarde une derniĂšre fois ce qui ne sera plus,
Sans tristesse, mais avec détermination.
Enfin, le son d'une corne s'élÚve, les glaives sortent, les boucliers se préparent...
Quand soudain...
Le combat.
Tant attendu.
Mais si bref...
Car si la cité ennemie fut glorieuse,
Elle perdit peu Ă  peu son Ă©clat,
Jusqu'Ă  n'ĂȘtre qu'inutile, alors que ses voisins conquis s'Ă©levĂšrent.
Mais ce qui devait ĂȘtre accompli fut accompli,
Et les hommes purent repartir libérés d'un grands poids,
Pour enfin vivre comme ils auraient dĂ».
La vengeance devait ĂȘtre exercĂ©e, mais elle ne pourra plus l'ĂȘtre, pour l'homme dit victorieux.
Au milieu des frais décombres, dans ce qui restait d'une maison, un cri de désespoir s'éleva.
Un enfant, qui n'avait rien demandé,
Se retrouva sans demeure, sans parents, sans vie.
Une seule question, pourtant Ă©tait en lui : pourquoi ?
Alors dans son coeur, il trouva sa destinée :
Retrouver les acteurs et créateurs de son avenir,
Afin d'exercer sa future vengeance :
L'ennemie devait ĂȘtre dĂ©truit ?
Certes, mais qu'est-ce qu'un ennemie pour un enfant désireux d'amour ?
Alors, tel le reflux des marées, le temps se referme en boucle :
Ce qui Ă©tait un ennemi est maintenant le faible, ce qui Ă©tait un faible est aujourd'hui l'ennemi.
La citĂ© devait ĂȘtre dĂ©truite, et l'ennemie devra l'ĂȘtre.

Delenda Est © 1999 by Vincent Hiribarren is licensed under Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International